À QUI LA FAUTE ?

À QUI LA FAUTE ?

30 mars 2020 Non Par Me Gaston Vogel

Réponse à Altmann

Samedi passé, un nommé Robert Altmann d’Echternach a fait publier au Wort une lettre intitulée « À qui la faute ? » et en sous-titre « La Peste – d’Albert Camus et le fléau du coronavirus qui s’est abattu sur l’humanité ».

Les Cathos confrontés à l’énigme d’un Dieu omniscient, omnipotent, qu’on dit ruisseler d’AMOUR et qui assiste néanmoins passivement à l’une des plus grandes catastrophes que l’humanité ait jamais vécues, voient leur foi vaciller.

Ils commencent à s’interroger sur ce Dieu cynique, qui de son « vivant », avait enseigné à ses disciples à partir de « l’aveugle de naissance », que la faute de cette pauvre victime n’est imputable ni à elle-même, ni à ses parents… mais que Dieu y a sa part, « c’est pour que l’action de Dieu se manifeste à travers lui ».

C’est à partir de cette « pédagogie », pour employer une expression répétée par les médias à longueur de journée, que l’Eglise a construit la sinistre théorie de la mise à l’épreuve, qui lui a permis d’asseoir sur une base solide la servitude et la patience du petit homme.

Je retrouve dans la large documentation que je m’étais constituée pour attaquer le christianisme intra-muros, un prêche prononcé en 1736 par Blanchard – prieur et seigneur de Saint-Marc-les-Vendômes.

Très prémonitoire.

On se dirait, en le lisant, en pleine crise de coronavirus.

« Vous êtes travaillé d’une toux violente, votre poumon est épuisé, votre estomac rejette les aliments, vous êtes consumé par une fièvre lente qui vous rend étique… 

En un mot, vous vous trouvez accablé sous la multitude de maux qui vous affligent…

Si vous êtes bien judicieux, vous reconnaitrez que toutes ces espèces de maladie, sont autant de présents que Dieu vous a faits. » 

*

Il faut un cerveau malade pour écrire des choses aussi révoltantes. 

*

Donc en résumé, si Dieu vous met à l’épreuve, ne vous plaignez pas, c’est qu’il vous aime.

C’est par amour qu’il vous a choisi pour vivre le pire.

C’est un privilège rare et vous devriez lui en être reconnaissant.

*

C’est d’un crétinisme inouï.

*

A l’époque du terrible tsunami qui causait la mort de centaines de milliers de personnes, un Jésuite écrivant au Wort, calmait les ouailles par de similaires incongruités.

Or voilà qu’en pleine crise de coronavirus, une épidémie foudroyante ayant déjà causé 30 000 décès, Altmann, dans sa lettre, rabâche la vieille théorie de la mise à l’épreuve.

Il cite St-Jean et l’exemple de l’aveugle de naissance.

Sachant qu’il est de fort mauvais goût d’insister davantage, il se rabat vite sur une arabesque latérale et il retrouvera quelque part la bonté divine dans la solidarité des frères et sœurs qui s’entraident pour sortir de la mise à l’épreuve que Dieu leur a imposée, une fois de plus par amour.

Lisons ce qu’il écrit :

« Je me permets de citer ici un court extrait de l’Evangile de Jésus Christ selon Saint Jean du 4ème dimanche du Carême (9,1-41). Il s’agit du passage relatif à l’aveugle de naissance. « À qui la faute s’il est aveugle, demandent ses disciples à Jésus, à lui ou à ses parents ? » « Ni à lui ni à ses parents, répond Jésus, c’est pour que l’action de Dieu se manifeste à travers lui ». Telle est du moins la version donnée par la nouvelle traduction de la Bible. Ne faut-il pas reconnaître qu’en la crise actuelle, l’action de Dieu, s’il existe, se manifeste à travers tant de bénévoles, qui s’engagent au service de leurs frères et sœurs en détresse, que ce soit dans les hôpitaux, les maisons de retraite ou dans d’autres secteurs vitaux de la société, qu’ils soient croyants ou incroyants, tous unis dans la solidarité, et qui, somme toute, ne font que leur métier d’homme, cherchant, comme le docteur Rieux dans « La peste », à guérir les malades ? »

Vir wée saudoumm hâlen d‘Pâfen hir Brider a Schwesteren.

Le 30 mars 2020.

Gaston VOGEL

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