America first

America first

11 février 2019 Non Par Me Gaston Vogel

A la suite de mon texte sur le Venezuela, d’aucuns scribouilleurs anonymes ont publié des commentaires qui, faute d’une connaissance approfondie de l’Histoire, regorgeaient d’incongruités qu’on pourrait passer sous silence, si elles ne revenaient pas périodiquement en refrains insipides.
Ainsi, d’aucuns mal informés confrontent les adversaires de l’impérialisme américain avec le principe de gratitude.

Parce que, selon eux, les Américains nous ont libérés du nazisme, il est indiqué de renoncer à tout commentaire critique quoi qu’ils fassent et quoi qu’ils disent.

Etrange que ce principe ne joue pas quand il y va de la libération par les forces militaires russes qui, elles, ont puissamment contribué à la défaite des salauds du nazisme.

Contrairement aux USA qui n’ont connu le moindre bombardement, le moindre coup de fusil à l’intérieur du pays, les Russes perdaient des millions d’hommes et de femmes et retrouvaient, à la fin de la guerre, le pays ravagé par les monstruosités teutoniques.

Oui, mais cela ne compte pas.

Ce sont nos ennemis et donc haro sur le baudet.

La reconnaissance n’est pas pour eux.

Bestial oblivion.

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Revenons aux Américains.

L’un des scribes a écrit qu’ils ne font toujours que ce qui s’avère juste pour eux.

Il ne pouvait mieux dire : AMERICA FIRST – slogan qu’on entend chaque jour dans la bouche de ce rustre de TRUMP.

En 1968, les Editions Grasset ont publié « L’Empire américain » écrit par Claude JULIEN, chef du service des informations étrangères au Monde.

Il était à l’époque le meilleur spécialiste français des affaires américaines.

Voici les informations qui font défaut à d’aucuns qui continuent à écrire n’importe quoi, mus par la hargne et la rogne contre tous ceux qui ne sont pas de leur bord.

Ecoutons JULIEN :

Au moment où les horizons européens s’assombrissent, l’Amérique se met à l’écart de la SDN.

Deux ans après l’accession de HITLER au pouvoir, elle vote une loi de neutralité qui interdit la vente d’armes, de munitions et d’engins de guerre à d’éventuels belligérants. La loi est votée par d’écrasantes majorités.

« Nous pouvons nous tenir à l’écart de la guerre », dit ROOSEVELT en 1936. « Les hommes chargés du Gouvernement doivent avoir une intelligence assez précise des affaires internationales … pour veiller à ce que le pays ne soit pas conduit à la guerre ».

ROOSEVELT s’est fait réélire en 1936 sur une promesse de neutralité.

Les retentissantes affirmations de la neutralité dans un éventuel conflit ne pouvaient qu’encourager le nazisme.
ROOSEVELT a dû reconnaître, c’était trop tard, « notre embargo sur les armes a fait le jeu des agresseurs ».

S.E. MORISON a pu écrire : « Les lois américaines sur la neutralité ont donné aux forces de l’Axe la certitude que, lorsqu’elles seraient prêtes à frapper, leurs victimes ne pourraient pas obtenir de l’Amérique les nécessaires moyens de guerre ».

Grâce à la guerre, l’Empire retrouve son élan. Elle lui profite amplement. C’est en effet le conflit qui fait tripler les exportations et augmenter de 50% les importations. Cinq ans de guerre en Europe et en Asie ont été plus efficaces que toutes les mesures économiques et financières inspirées par le New-Deal entre 1932 et 1939.
Trois semaines après la déclaration de guerre, ROOSEVELT convoque le Congrès en session spéciale pour lui soumettre une révision des lois de neutralité. En vertu de la procédure cash and carry, les belligérants sont autorisés à effectuer des achats aux USA à condition de les payer comptant et d’assurer le transport par leurs propres navires.

Huit mois après la défaite de la France, ROOSEVELT demande l’abrogation des lois de neutralité et l’autorisation de vendre tout équipement de guerre à toute nation, dont il jugerait la défense vitale pour la sécurité des USA.

La loi prêt-bail qui entre en vigueur en mars 1941 fait retrouver aux USA ses forces économiques et financières.
Un immense profit s’ensuit.

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La seconde guerre mondiale a ainsi permis à l’empire de résoudre une crise économique infiniment plus grave que la récession de 1913-1914.

En plus, les USA ont leurs mains partout … aux quatre coins de la terre …

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On pourrait ajouter une multitude de détails qui, peut-être, auraient pour effet de faire lever les paupières fatiguées de certains scribes anonymes.

Une chose est certaine.

– Les Américains sont intervenus trop tard dans la seconde guerre mondiale. C’est toujours oublié.

– S’ils sont intervenus c’était, non pas pour nous libérer, mais pour assurer leur propre sécurité.

La libération des pays européens a été ainsi collatérale et non pas primordiale.

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Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas nous incliner devant le sacrifice de leurs soldats.

On leur restera éternellement reconnaissants, tout comme on n’oubliera jamais l’apport immense des armées soviétiques à la libération de l’Europe.

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Un ultime mot sur les USA comme prédateurs en Amérique du Sud.

Les USA ont depuis toujours entretenu les meilleures relations avec les dictatures d’Amérique latine.

Ils ont soutenu l’ordure de STROESSNER au Paraguay, cet inqualifiable SOMOZA au Nicaragua, PEREZ JIMENEZ au Venezuela, TRUJILLO à Saint-Domingue, BATISTA à Cuba, ODRIA au Pérou, ROJAS PIMILA en Colombie … et actuellement le Président du Brésil et celui qui vient de s’autoproclamer Président du Venezuela.

Ce sont les bonnes rassurantes marionnettes.

« Les USA », dit JULIEN, « n’ont rien fait pour ébranler les dictatures en place, car celles-ci savaient respecter les intérêts privés américains ».

Si ASSELBORN devait ignorer ces évidences, c’est bien possible, il suffit tout juste de lui dire « merde alors ».

Le 8 février 2019.

Gaston VOGEL

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