La police – La gendarmerie

La police – La gendarmerie

19 avril 2018 Non Par Me Gaston Vogel

Le gendarme ne s’appartient pas.

Un gendarme bien tenu est d’abord un gendarme bien coiffé.

(sic le commandement de la gendarmerie dans un écrit daté du 20 février 1973).

Le testament philosophique du 20 février 1973 que le ci-devant commandant de la gendarmerie Sch. a laissé à la postérité.

« D’après l’article 2 de la loi du 13 août 1921 les membres de la Gendarmerie doivent, dans l’exercice comme en dehors de l’exercice de leurs fonctions, et dans la vie privée, éviter ce qui peut compromettre le caractère dont ils sont revêtus, donner lieu à scandale, blesser les convenances ou compromettre les intérêts du service public.

Il me semble donc être de mon devoir de veiller à ce que ces prescriptions soient assurées et de rappeler à mes subordonnés qui sont toujours soumis au port obligatoire d’un uniforme militaire, signe visuel d’une grande tradition liant le passé avec le présent, que cet uniforme oblige et leur impose de donner toujours et partout l’exemple de la tenue en général, de la correction du langage et des attitudes.

Bien qu’il soit affligeant de voir combien s’est atténué le souci de correction de la tenue dans le secteur civil, également dans notre pays dont on a toujours vanté le bon goût et la sobre élégance, il ne m’appartient pas d’émettre un avis en cette matière.

Vous conviendrez cependant que la tenue militaire du gendarme ne permet ni un ¨débraillé¨ général, ni des fantaisies ridicules, tel que l’étalage d’une poitrine velue sous une chemise malpropre et largement ouverte, ni une tunique débouclée, ni une casquette crasseuse ou à visière fissurée.

Ce même principe s’applique également et surtout à la coiffure, signe distinctif par excellence de tout homme et qui contribue dans une large mesure à sa tenue et son aspect extérieur. Pour tout militaire elle doit s’harmoniser avec l’uniforme qu’il porte. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est dit dans mon instruction de service que vous visez dans votre lette du 6 février 1973, qu’un gendarme bien tenu est d’abord un gendarme bien coiffé.

Et tandis que dans la vie privée, sous le prétexte de manifester son indépendance ou d’affirmer ses sentiments de ¨révolutionnaire conscient¨ ou simplement de contestataire, on se laisse aller à ces excès que je viens de flétrir, on a toujours continué dans la Gendarmerie grand-ducale, tout comme dans les administrations-soeurs de France, de Belgique, des USA, du Canada, pour ne citer que quelques-unes, à enseigner aux jeunes gendarmes les règles élémentaires de la politesse ainsi que les principes d’ordre et de propreté qui en sont les manifestations :

  • porter les cheveux courts et soignés, être propre et bien rasé ;
  • porter col et cravate ;
  • avoir les vêtements boutonnés ;
  • tenir ses effets rangés et en ordre ;
  • saluer les personnes auxquelles on doit le respect ;
  • ne pas se promener dans la rue, ¨la cigarette au bec¨ ;
  • etc. – etc. – etc.

Cette politesse militaire n’est pas seulement un ensemble de manières et de rites mondains, mais un état de l’âme, une disposition bienveillante de l’esprit. C’est une de ces vertus militaires que tout gendarme doit posséder et dont ne dispensent ni l’âge, ni les grades.

Certes, il faut au métier militaire d’autres qualités, d’autres vertus particulières et prestigieuses.

Et ce prestige militaire, il a pour première loi l’obéissance, pour premier devoir le dévouement, pour principale habitude le sacrifice. Ce qui fait que le gendarme ne s’appartient pas : ses intérêts propres, ses affections privées disparaissent devant l’intérêt général de sa profession, de son administration et du pays.

C’est aussi cet amour qui le rend fier de son uniforme et de sa tenue, qui lui fait comprendre que le débraillé, le képi de travers, la coiffure mal soignée, l’impolitesse, la fréquentation des mauvais lieux, tout cela jette une ombre sur son Corps d’élite, et par contre-coup, sur le pays entier.

C’est encore cet amour qui lui fait accepter le surcroît de fatigue que lui imposent ses rudes tâches journalières, le travail irrégulier et de nuit, les permanences à domicile, les interventions après les heures normales de travail, les exercices de tir, les services d’ordre, de sécurité et de circulation, prestations qu’un citoyen normal ne connaît pas.

Toutefois, le gendarme ayant librement accepté toutes ces obligations, le problème qui nous occupe n’est nullement un problème d’atteinte à la liberté et à la dignité humaine, ni aux Droits de l’Homme et du Citoyen. C’est tout simplement un problème de discipline militaire. Aussi suis-je d’avis que la conception de cette discipline n’est pas du siècle dernier.

Il va sans dire qu’en cette matière spéciale de la tenue et notamment de la coiffure, il faut appliquer les prescriptions avec doigté et bon sens. Comme il est dit dans les commentaires de la note belge, il importe avant tout que l’aspect de la coiffure soit ¨soigné¨. Tout gendarme de bonne volonté comprendra d’ailleurs qu’on ne peut tolérer des fantaisies sous peine d’avoir bientôt un ¨hippie look¨ dans la Gendarmerie. Tous les chefs responsables appliquent en effet ladite instruction en ce sens, et les punitions prononcées jusqu’à l’heure actuelle en ce domaine n’ont sanctionné que des excès graves et ont été uniquement données dans un but éducatif et préventif.

Le Commandant de la Gendarmerie. »

 

Dans la tourmente judiciaire de 1962 à ce jour – Me Vogel – éditions Binsfeld

Facebooktwitterredditpinterestlinkedinmail