LA VIE DES SAINTS – EXTRAITS

19 avril 2018 Non Par Me Gaston Vogel

J’ai édité à Paris en 1999, une anthologie sur la vie des Saints.

Charlie Hebdo en a fait l’illustration.

J’avais pour le faire, à ma disposition, la publication monumentale des ACTA SANCTORUM, dont les premiers volumes avaient été édités en 1643 par les Petits Bollandistes, un groupe de Jésuites Belges.

Je cite de source.

Pas d’ajoute, pas de commentaire.

Ce que vous allez lire est si ahurissant que cela se passe de commentaire.

Saint Angadrème de Renty, vierge, abbesse de l’Oroër

La difformité comme remède.

Le comte, son père […] la voyant en âge d’être mariée, l’accorda à Ansbert […] La bienheureuse Andragène demanda à Notre-Seigneur qu’il lui plût de la rendre si difforme qu’elle ne fût l’objet de l’amour d’aucun homme mortel. Sa prière fut que son visage parut tout d’un coup couvert de lèpre, et les médecins ne voyant point de remède à ce mal, il fut résolu entre les parents qu’on ne passerait pas outre et que les propositions de mariage seraient rompues. Andragène avoua d’ailleurs franchement à son père qu’elle avait voué sa virginité, et que c’était pour cela que le Fils de Dieu, qui l’avait choisie pour épouse, ne voulait pas qu’elle fut possédée par un autre. (V. S. t 12. 14. X. P. 340)

Sainte Angèle de Foliguo dite Angela, la veuve

Les croûtes des lépreux pour mieux communier.

Elle buvait avec délectation l’eau dans laquelle s’étaient lavés les lépreux. Elle nous a d’ailleurs laissé un témoignage émouvant :

« Un morceau de la peau couverte de croûtes qui s’était dégagé des plaies des lépreux s’était égaré dans ma gorge. Au lieu de le cracher, je me donnai grande peine à l’avaler – et j’y réussis. Il me semblait que j’avais tout juste communié. Jamais je ne saurais décrire les joies qui inondaient mon âme. »

Gerhard Czermak, Christen gegen Juden, rororo, 1997, p. 86

Saint Boniface, évêque de Lausanne

Se lavait la figure quand ses parents l’embrassaient.

Ce qui brillait surtout en lui, c’était un grand amour pour la pureté ; cet amour allait si loin que quand ses parents l’embrassaient, il s’essuyait ou se lavait la figure. (V. S. II. 589. 19 .2.)

Sainte Claire de Montefalcone

Les acrobaties de sainte Claire.

Elle vivait dans la chair comme si elle n’avait point eu de chair. N’ayant encore que 11 ans, elle se découvrit un peu en dormant par mégarde et sans y avoir contribué de sa volonté ; sa sœur l’en reprit comme d’une grande faute, et elle en fit une longue et rude pénitence, comme d’un péché très énorme. Depuis ce temps-là, elle s’arrangeait, pour dormir, de façon qu’elle ne pouvait se découvrir et qu’aucun de ses membres ne pouvait toucher l’autre nu. Elle ne souffrait point non plus que personne, pas même ses filles, la touchassent dans la moindre partie du corps. (V. S. X. 7. 18. 8.)

Sainte Colette – réformatrice des trois ordres de St François

Sainte Colette, tire-moi les jambettes.

Elle veillait longtemps pour prier et rendait son lit dur en y mettant des morceaux de bois… Parfois elle couchait sur la terre et n’avait pour oreiller qu’un tronc d’arbre. Considérant les paroles désolables qu’on disait à son père pour l’occasion de sa petitesse, elle en fut dolente. Elle obtint de Dieu des faveurs miraculeuses et, entre autres, pour consoler son père, un accroissement subit qui lui donna une taille très élevée. D’où le dicton cher aux petites filles de Picardie : « Sainte Colette, tire-moi les jambettes, rends-moi sage et parfaite ».

Elle obtint de même pour préserver sa pureté la disparition des couleurs vives de son teint. Couverte d’un cilice, elle se ceignit encore d’une chaîne de fer armée de pointes aiguës. (V. S. T. III., p.204)

Saint Hilarion

Se nourrit avec de la paille au lieu de grain.

Il ne se coupait les cheveux qu’une fois l’an, pour le jour de Pâques. Jamais il ne voulut laver le sac dont il était revêtu, disant qu’il était inutile de chercher la propreté dans un cilice. Pendant sa jeunesse, saint Hilarion fut souvent tourmenté par des pensées et des tentations impures. Lorsqu’il eût reconnu que son corps était devenu si insolent parce qu’il le nourrissait de mets bons et fortifiants, il lui adressa les paroles : « Bête indomptée ! (il parlait à son corps comme s’il avait eu devant lui un animal sans raison), je te nourrirai désormais avec de la paille au lieu de grain, afin que tu ne regimbes plus avec arrogance. Tu souffriras de la faim et de la soif ; je te chargerai de lourds fardeaux, je t’épuiserai par le chaud et par le froid, afin que tu penses à la nourriture et au repos au lieu de t’occuper de pensées impures ». Et à partir de ce jour, il se mit à jeûner rigoureusement, et il fut délivré de ses tentations antérieures.

S. Hieronymus, Via Sancti, Hilarionis Eremitae, n.5. ; Voir aussi V.S. tome XII, p. 487

Saint Schetzel

Sa plus grande tentation : un levraut lui fait perdre sa gravité ordinaire.

Un jour que le froid était plus vif et la gelée plus forte qu’à l’ordinaire, j’étais couché tout nu sur la terre, ayant les membres raides et transis ; le Créateur de l’univers, qui, selon le Prophète, fait tomber la neige comme de la laine, me donna, au lieu d’habit, un très grand tapis de neige, de l’épaisseur d’une coudée ; tout mon corps en était couvert, mais à l’endroit de ma bouche, qui avait encore un peu de chaleur, il se fit une petite ouverture. Il arriva donc qu’un levraut, courant ci et là par la campagne pour trouver une gîte, rencontra par hasard cette ouverture et, étant attiré par le peu de chaleur qu’il y ressentait, il s’y arrêta tout court et se mit doucement sur mon visage.

Cet accident me fit faire un petit sourire, je perdis ma gravité ordinaire et me laissais aller à quelque vaine joie. Il me vint même dans l’esprit de mettre la main sur cet animal et de le prendre, ce qui m’était très facile, non pas pour le retenir, mais pour le flatter et me récréer, sans craindre d’employer en ce vain divertissement le temps qui doit être consacré aux louanges de Dieu et la pénitence. Cependant, après avoir longtemps résisté à la violence de cette tentation, je la surmontais enfin et la dissipais par la grâce de Dieu, de sorte que, demeurant immobile en ma place, je laissais reposer sur moi cet animal sans le toucher, jusqu’à ce qu’il s’en allât lui-même.

Voilà la plus grande tentation qu’il me souvienne avoir eue depuis longtemps.

(V. S. tome IX, 358. 6. 8.)

La Vie des Saints – Me Vogel – Le Phare 2009

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