Le devoir de fidélité

Dans le projet de loi sur le divorce, nous lisons des choses curieuses sur le devoir de fidélité.

«Il est « envisageable » de supprimer le devoir de fidélité.*

L’adultère n’a plus de pertinence en tant que cause de divorce.

Il n’est pas sanctionné, ni au niveau de la cause du divorce, ni au niveau des conséquences. »

Il est ajouté aussitôt une atténuation, comme si le législateur, mu par un sursaut de conscience, voulait se rattraper, sans pour autant vouloir corriger son projet.

«Le projet de loi opte néanmoins pour le maintien du devoir de fidélité comme devoir du mariage (sans plus).

En effet, la fidélité est traditionnellement considérée comme participant de l’essence même du mariage… et le fait que l’adultère n’est plus sanctionné ne s’oppose pas en soi au maintien de la fidélité comme devoir du mariage. »

Quelle merveilleuse maïeutique ! Une logique très sui generis.

Pour paraphraser Voltaire, on peut donc retenir de ces élucubrations, qui se présentent en tissu lymphoïde, que désormais l’intrus peut avec son jeu de fausses clefs fouiller impunément dans la serrure d’autrui.

Bravo – un véritable progrès sur le plan de la libération des mœurs.

Mais que faire pour canaliser le tsunami de rage qui envahira le cœur du cocu qui n’a plus personne pour l’écouter et à qui il ne reste qu’à courir de-ci de-là toujours contre le mur, les cornes sur le crâne, tout en devant régler le cas échéant le premier de chaque mois un secours à son partenaire ingrat ?

Il est laissé pour compte.

Cela lui servira à quoi de savoir que la fidélité est toujours la substantifique moelle du mariage ?

C’est dans cette contradiction fondamentale, qui met un frein à la catharsis, c’est-à-dire à la purgation des passions, que réside le cancer qui va grignoter peu à peu le texte.

Espérons que les choses en resteront là et ne finiront pas dans le sang.

Gaston VOGEL