MÉLANGES SUR FRANCIS BACON

MÉLANGES SUR FRANCIS BACON

15 mars 2019 Non Par Me Gaston Vogel

Il est un des peintres essentiels du siècle passé.

J’ai pour son œuvre une admiration sans borne.

Essayons de le comprendre en l’écoutant discourir sur ses frères en peinture

Francis Bacon détestait les 9/10 de l’œuvre de Picasso.

Pour lui la meilleure période du peintre espagnol se situait entre 1926 et 1932.

C’est le Picasso d’alors qui a fortement ému Bacon.

Bacon avait sa vie durant une très grande affection et une admiration infinie pour Cimabue.

J’ai vu il y a une dizaine d’années la crucifixion sauvée du déluge. – Elle garde de beaux restes.

Il nous dit ne pas aimer Holbein, Bruegel ou Leonardo da Vinci (La Joconde).

Pas de sympathie particulière pour Bosch.

Tout le monde aime Vermeer, sauf Bacon.

De Cézanne il n’apprécie l’œuvre très tardive que quand subitement le vide s’installe dans les toiles.

Van Gogh oui – lui, il a recrée la réalité. – Paul Klee, par contre, ne lui dit rien du tout.

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Bacon interrogé sur les fins ultimes de la création artistique, ramène la discussion qui s’égare régulièrement vers des horizons métaphysiques à une question de pure chimie.

Bacon avait un grand amour pour Proust et surtout pour Shakespeare.

Il aimait la définition de Braque :

« L’écho répond à l’écho, tout se répercute. »

Il est intéressant de voir Bacon rejeter presqu’avec indignation toute influence de Samuel Beckett.

Il est très dur avec la peinture abstraite – c’est une peinture de décoration, dit-il.

Puis pour le pape Innocent X de Velázquez si multiplement copié, les sentiments de Bacon accusent de ténébreuses connotations.

Il considère cette série de papes comme faisant partie du maillon faible de sa création.

La violence qui éclate dans l’œuvre de Bacon est très en dessous de celle qui marque le quotidien.

Notre quotidien est des plus sinistres.

Attentats, guerre, discours mensongers – un Etat qui se fait de plus en plus prédateur. – Un Etat de mensonge et d’iniquité.

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Le rythme de Bacon. – Travailler tôt le matin et flâner l’après-midi. – Happer le vice et la violence de vivre.

Depuis que je l’ai vu et entendu discourir sur la vie, un verre de Pernod en mains, dansillant autour de la caméra, entouré de ses deux amants, riant aux éclats d’une manière presque carnassière quand il raconte à quel point ses parents étaient dégoûtés d’avoir mis au monde un pédéraste, évoquant ceux qui ont eu le plus d’influence sur sa peinture, à savoir Cimabue et Velázquez (bien plus, allait-il préciser que Goya)… et bien depuis tout cela je me sens très proche de cet artiste. – Même incurable désespoir existentiel.

Je comprends mieux sa peinture qui tourne en dérision une vie sans espoir et totalement absurde.

D’où ce rire provocateur des prélats assis sur leur trône et enveloppés de leur plus belles chasubles. – Ces tyrans, chargés par je ne sais qui de proclamer que la vie sans but et sans fin a quand-même un sens. – Maintenant, voilà qu’ils rient aux éclats quand le spectateur s’approche d’eux.

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