Réponse de Me Vogel à Mr Christophe Bumb du Luxemburger Wort

Réponse de Me Vogel à Mr Christophe Bumb du Luxemburger Wort

4 septembre 2015 Non Par Me Gaston Vogel

Herr BUMB,

J’ai lu l’article que vous avez consacré à ma personne dans le WORT für Wahrheit und Recht du 29 août 2015 sous le titre bébête mais combien révélateur « Wider den intellektuellen Abschaum ».

C’est ce que les Anglais appelleraient du lunatic rubbish.

J’ai le plaisir de ne pas vous connaître. Mais votre écrit niais et marqué au coin de la duplicité a le mérite de vous trahir à plus d’un titre.

Il appert clairement de votre article et cela est particulièrement grave, que la mendicité criminelle qui a envahi la ville de Luxembourg est pour vous of the smaller consequence.

Pire elle ne semble guère vous intéresser.

Or c’est celle-là que je combats et que je continuerai à combattre et aucune autre. Le Luxembourg s’est donné en 2014 une loi sur la traite des êtres humains – une nouvelle forme d’esclavage. La loi vise formellement la mendicité criminelle. Il est indiqué que vous l’étudiez de plus près.

Je vous transmets ci-après un mail qui m’a été envoyé le 24.08.2015 par Monsieur Lindenlaub, Directeur régional de la Police.

Vous remarquerez que mon action est concordante à celle de la police, qui me remercie des renseignements transmis et déclare comprendre ma démarche.

Il résulte des informations de ce mail que la mendicité en bandes organisées, donc criminelle et expressément prévue par la loi de 2014 est sans contestation possible une réalité quotidienne chez nous.

Cela n’empêche pas quelques folliculaires dont vous, de continuer à passer le scandale sous silence, se bornant à attaquer ceux qui le dénoncent.

C’est ahurissant !

Vous devriez avoir honte d’encourager cette traite d’être humains par votre silence complice, alors que, comme chrétien que vous êtes, rien ne devrait vous interpeller davantage que cette nouvelle forme d’esclavage.

*

Vous m’accusez ouvertement de xénophobie. Quelle bêtise ! Je suis un homme de gauche intéressé à ce que l’étranger soit considéré au sein de notre société au même titre que l’autochtone et que toute discrimination soit condamnée avec la plus grande fermeté.

L’étranger est en effet pour toute société dans son processus de maturation un élément indispensable – parce que très enrichissant. Il apporte aux valeurs qui sont les nôtres les siennes et c’est de ce mélange que naît une société moderne au coin de l’ouverture et de la tolérance.

Que serait la France des temps modernes sans les Picasso, Modigliani, Brancusi, Zadkine, Chaime Soutine, Chagall, Ionesco, Cioran, Man Ray, Zao Wouki et mille autres !

Que serait le Grand-duché sans l’apport des excellentes colonies portugaise et italienne !

C’étaient les Italiens qui reconstruisaient notre partie détruite par les Teutons.

*

Vous, comme rédacteur au WORT avez tout intérêt à rester vigilant quand vous abordez la question de la xénophobie.

Le WORT traîne toujours quelques grosses casseroles bien puantes.

Dans les années 30 donc bien avant le déclenchement de la 2ème guerre mondiale quand s’ouvraient les premiers camps de concentration mis en place par les salauds nazis, une vague de réfugiés déferlait sur l’Europe.

J’ai lu à votre attention le WORT de cette époque. A ce moment cruel où les crapules nazies ne reculaient devant aucune monstruosité, votre WORT se rangeait résolument de leur côté. L’accueil qu’il proposait aux réfugiés était celui des bras fermés.

**

Rappelons quelques dates. Faisons sonner les casseroles.

Le 22 avril 1933 le WORT écrit :

« Warum seit Wochen dieses Angstheulen vor dem Faschismus ? Die Völker reagieren schließlich mit Gewalt auf eine Krankheit, die Liberalismus und Sozialismus einmal sind. Und da ist gar keine Schande daran….Wir gestehen sogar, dass wir lieber unter einem anständigen Faschistenregime als unter einem sozialistischen ….leben ».

Le 28 avril 1933 :… « es gibt kein besseres Kampfmittel gegen den Sozialismus als den Nationalsozialismus ».

Le 13 mai 1933: « Wir Begrüßen und bejahen darum den Gemeinschaft – und Autoritätsgedanken des Faschismus und Nationalsozialismus ».

J’ajouterais au besoin quelques louches, car le réservoir est inépuisable.

Et ainsi de suite jusqu’au 9-10 novembre 1938 : Kristallnacht. Trois semaines après ces horreurs, à un moment où les premiers rescapés de cette nuit terrible,frappaient à la porte du Marienland pour trouver refuge, votre WORT qui n’avait pas réservé un mot de critique aux événements qui venaient de se dérouler adresse aux émigrants un avertissement atroce : « Doch bei allem Schutz des Luxemburgertums » peut-on être plus xénophobe à un moment où après 2000 ans de charité et d’amour chrétiens le monde avait atteint le degré absolu de crétinisme et de perversion.

Il suffisait d’être socialiste, communiste, franc-maçon ou juif pour ne trouver aux yeux de ce charitable quotidien ni aide, ni grâce, ni miséricorde.

KLERIKALER ABSCHAUM

Vous me répondez… « tempora mutantur et nos mutamur in illis ». C’est vrai, sauf pour le WORT qui restera toujours ce qu’il était ab ovo : le quotidien de la duplicité. Votre article en est une nouvelle et précieuse illustration.

***

Vous avez donné à votre article le titre « Wider den intellektuellen Abschaum ».

Merci. Vous n’auriez pas pu mieux choisir vos termes.

Auriez-vous des problèmes avec les intellectuels ? Vous utilisez ce mot négativement.

C’est un des mots dynamités qui illustre le spectre de l’idéologie clérico-fasciste. Le mot est né en France autour du 10.01.1898 dans l’atmosphère suffocante de l’affaire Dreyfus. Les catholiques, à leur tête Barrès et Maurras, vouaient l’intellectuel aux gémonies. Il n’est pas étonnant que les nazis lui réserveront le four crématoire.

Ainsi en 1930 Goebbels ouvrait son cœur aux intellectuels : Literatur Gesindel – Gehirnakrobaten – Kritikaster – Kathetertheoretiker.

Le 10 novembre 1938 Hitler déclara devant un parterre de 400 journalistes : « Wenn ich so die intellektuellen Schichten bei uns ansehe, leider, man braucht sie ja, sonst könnte man sie eines Tages, ja ich weiss nicht ausrotten oder so was ».

Quelques jours plus tôt le WORT avait reconnu à Hitler des qualités d’apôtre de la paix : « so wird die Geschichte auch Adolf Hitler Gerechtigkeit widerfahren lassen in seinen Beiträgen zum Frieden ».

Vous relirez au sujet du mot intellectuel l’excellent ouvrage paru en 1978 chez Klett-Cotta par le professeur Dietz Bering: « Die Intellektuellen – Geschichte eines Schimpfwortes ». Après lecture vous découvriez que vous êtes une fois de plus en excellente compagnie.

KLERIKALER ABSCHAUM ?

Recevez BUMB les sentiments que vous croyez pouvoir vous attribuer.

Ce texte circulera (réponse ou non publiée) urbi et orbi.

s. Gaston VOGEL

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