LE CORONAVIRUS DANS LE FICHIER DES FLICS

LE CORONAVIRUS DANS LE FICHIER DES FLICS

9 mars 2020 Non Par Me Gaston Vogel

Au moment crucial où le Coronavirus torture l’esprit des humains, un autre virus non moins virulent continue à infecter le casier bis, tenu par la police sur chacun de nous.

*

Voici une nouvelle anecdote du front de cette pandémie et force est de constater que malgré toutes les critiques, la chienlit continue comme si de rien n’était.

En juillet 2019, un citoyen curieux de savoir ce qu’on avait pu ramasser sur sa personne, demande l’accès à ses données personnelles.

Il reçoit une réponse avec un retard de huit mois.

C’est déjà à ce seul fait d’indolence, voire d’inertie, qu’on peut mesurer l’arrogance de ceux qui constituent à notre insu, in catimini, sans un début d’information, un dossier qu’ils gèrent ensuite en toute souveraine illégalité.

Quelques milliers d’individus non identifiables – les fameux INI y ont accès.

Ils peuvent venir les consulter et en faire tous les usages qu’il leur plaît – sans être obligés à rendre compte.

*

Quelle ne fut la surprise du destinataire quand il devait constater que sous la rubrique « journal des affaires – JDA », figurait en vrac, un ensemble d’infractions d’ordre financier.

Il s’agissait d’une vieille histoire remontant à plus de 30 ans et qui avait été vidée en sa faveur par un arrêt de la Cour d’appel, l’acquittant sur toute la ligne.

Et voilà que des données qui ne répondent plus à aucune réalité, continuent à hanter le fichier de ce citoyen, alors qu’elles auraient dû être effacées à tout jamais, le lendemain même de l’arrêt de la Cour d’appel.

Le JDA continue à écrire : « Vous avez fait l’objet d’une inscription en tant qu’auteur présumé des infractions suivantes ».

*

Ces déchets polluant l’image d’un citoyen honorable, maintenus envers et contre tout bon sens, sont un scandale épouvantable qui aurait dû générer une affaire disciplinaire en règle.

Rien n’est fait, alors pourtant que c’est une atteinte gravissime à l’honneur d’une personne.

C’est d’autant plus inacceptable que le 18.02.2020, aucune correction n’avait été faite, bien que ces pratiques abusives aient fait l’objet d’une condamnation unanime.

*

Imaginez que cela vous arrive.

Vous postulez pour un emploi public et soudain vos examinateurs vous sortent du JDA une légende de délinquant, annihilée de longue date par un arrêt d’acquittement.

Ils vous mettent en relation avec des infractions qui, bien qu’anéanties par une décision coulée en force de chose jugée, continuent à hanter le fichier de police qu’ils consultent régulièrement, dès qu’ils ont à se prononcer sur une candidature. (voir l’affaire FURST – qui a déclenché une vague de protestation)

Vous protestez et vous clamez haut et fort votre innocence – cela ne servira plus à grand-chose, le mal est fait – semper aliquid haeret.

Votre image est ternie et vos interlocuteurs vous écarteront de la course, en donnant pour de fallacieux motifs, la préférence à un concurrent.

Tout cela est évidemment écœurant.

*

Comment un Etat qui ne cesse de clamer son attachement indéfectible aux valeurs démocratiques et en particulier aux Droits de l’Homme, peut-il avoir la félonie de maintenir en vie un casier bis, qui fait fi des principes les plus élémentaires ?

Quelle répugnante hypocrisie. 

*

À cela s’ajoute le fichier des taxes de stationnement irrégulier.

Le Ministre Bausch avait pourtant essayé de calmer les colères des citoyens en les assurant que cet « Unfug » disparaîtrait sans faute.

Conserver de telles indigences relève en effet, dès le départ, de la ploucquerie.

Rien ne fut entrepris, comme on a dû l’apprendre par la bouche du Directeur Neuens, informant les députés de la Commission parlementaire ad hoc, que la suppression des données se heurterait à d’insurmontables problèmes techniques.

Il ne s’agit rien moins que d’un refus d’ordre qui aurait dû mettre notre placide Ministre dans tous ses états.

Espérons qu’il saura s’en occuper, ne fût-ce que pour démontrer que le Ministre de la police est le patron et non le sujet des flics.

Le 09 mars 2020.

Gaston VOGEL

Facebooktwitterredditpinterestlinkedinmail