CHRISTIANISME

L’heureuse médiocrité
Ainsi l’Eglise cultive et favorise le vrai juste qui est celui dont la vie est unie ; un homme composé et réglé dans ses mœurs… un homme en qui, quoiqu’il ne fasse rien à surprendre, rien n’est dérangé, ni bizarre…
Groethuysen emploie pour qualifier cette condition la pertinente expression d’ « heureuse médiocrité ». Le penseur ajoute à ses réflexions cette considération rafraîchissante « le disciple des Jésuites, qui s’en tiendra à ce que lui ont enseigné ses maîtres, n’aura évidemment rien de la divine folie du christianisme ». … Il sera le mouton, père de famille et observateur consciencieux de devoirs sans gloire et sans éclat.
L’analyse de Groethuysen arrive ainsi à la conclusion que l’Eglise ne veut pas d’une individualité morale, mais seulement d’un être socialement déterminé.
Rien d’étonnant que la doctrine chrétienne, fondée sur le grégarisme, ait toujours considéré que parmi les grands péchés il y a celui de se singulariser.
Pour elle l’individu ne compte pas. Seul importe le mouton fondu dans le troupeau.
Là, on retrouve d’étranges analogies avec ce monstre de nature « monothéiste » que fut le commissaire pur et dur des Lenin Staline Thery.
Ainsi l’Eglise favorisait l’éclosion de ce pauvre individu ordonné et rangé, respectueux des autorités établies, agenouilleur, ne rechignant pas. Nous le rencontrons à l’œuvre autour des fours crématoires où il fait avec tranquillité d’âme ce que les chefs veulent de lui.

AMOUR – Historia calamitatum
„Sie lassen sich nicht vor Eifer, das Hiesige, zu dem wir doch Lust und Vertrauen haben sollten, schlecht und wertlos zu machen – und so liefern sie die Erde immer mehr denjenigen aus, die sich bereit finden, aus ihr, der verfehlten und verdächtigen, die doch zu Bessern nicht tauge, wenigstens einen zeitlichen, rasch ersprießlichen Vorteil zu ziehen.
Diese zunehmende Ausbeutung des Lebens, ist sie nicht eine Folge, der durch die Jahrhunderte fortgesetzten Entwertung des Hiesigen? Welcher Wahnsinn, uns nach einem Jenseits abzulenken, wo wir hier von Aufgaben und Erwartungen und Zukünften umstellt sind.
Welcher Betrug, Bilder hiesigen Entzückens zu entwenden, um sie hinter unserm Rücken an den Himmel zu verkaufen!…“.
„… Und hier in jener Liebe, die sie mit einem unerträglichen Ineinander von Verachtung, Begierlichkeit und Neugier, die sinnliche nennen, hier sind wohl die schlimmsten Wirkungen jener Heraussetzung zu suchen, die das Christentum dem Irdischen meinte bereiten zu müssen… Es ist mir… immer unbegreiflicher, wie eine Lehre, die uns dort ins Unrecht setzt, wo die ganze Kreatur ihr seligstes recht genießt, in solcher Beständigkeit sich, wenn auch nirgends bewähren, so doch weithin behaupten darf.
Was müssen wir’s umschleichen und geraten schließlich hinein, wie Einbrecher und Diebe, in unser eigenes schönes Geschlecht, in dem wir irren und uns stoßen und straucheln, um schließlich wie Ertappte wieder hinauszustürzen in das Zwielicht der Christlichkeit…
Warum hat man uns Geschlecht heimatlos gemacht, statt das Fest unserer Zuständigkeit dorthin zu verlegen…“.

Rilke – Brief an einen jungen Arbeiter

LE PROCUREUR DE JUDEE

Dans son conte Le Procureur de Judée, Anatole France imaginant une rencontre du vieux et retraité Ponce Pilate avec un ami d’enfance, près de Baies, rapporte ce rafraîchissant échange de souvenirs de leur temps de Judée, qui d’ailleurs, termine le conte.

« Les juives, au contraire, me plaisaient beaucoup. J’étais jeune alors, et les Syriennes me jetaient dans un grand trouble des sens. Leurs lèvres rouges, leurs yeux humides et brillant dans l’ombre, leurs longs regards me pénétraient jusqu’aux moelles. Fardées et peintes, sentant le nard et la myrrhe, macérées dans les aromates, leur chair est d’un goût rare et délicieux.

Pontius entendit ces louanges avec impatience.

Je n’étais pas homme à tomber dans les filets des Juives, dit-il, et puisque tu m’amènes à le dire, Lamia, je n’ai jamais approuvé ton incontinence. Si je ne t’ai pas assez marqué autrefois que je te tenais pour très coupable d’avoir séduit, à Rome, la femme d’un consulaire, c’est alors tu expiais durement ta faute. Le mariage est sacré chez les praticiens ; c’est une institution sur laquelle Rome s’appuie. Quant aux femmes esclaves ou étrangères, les relations qu’on peut nouer avec elles seraient de peu de conséquence, si le corps ne s’y habituait à une honteuse mollesse. Souffre que je te dise que tu as trop sacrifié à la Vénus des carrefours ; et ce dont je te blâme surtout, Lamia, c’est de ne t’être pas marié selon la loi et de n’avoir pas donné des enfants à la République, comme tout bon citoyen doit le faire.

Mais l’exilé de Tibère n’écoutait plus le vieux magistrat. Ayant vidé sa coupe de falerne, il souriait à quelque image invisible.

Après un moment de silence, il reprit d’une voix très basse, qui s’éleva peu à peu :

Elles dansent avec tant de langueur, les femmes de Syrie ! J’ai connu une Juive de Jérusalem qui, à la lueur d’une petite lampe fumeuse, sur un méchant tapis, dansait en élevant ses bras pour choquer ses cymbales. Les reins cambrés, la tête renversée et comme entraînée par le poids de ses lourds cheveux roux, les yeux noyés de volupté, ardente et languissante, souple, elle aurait fait pâlir d’envie Cléopâtre elle-même. J’aimais ses danses barbares, son chant un peu rauque et pourtant si doux, son odeur d’encens, le demi-sommeil dans lequel elle semblait vivre. Je la suivais partout. Je me mêlais au monde vil de soldats, de bateleurs et de publicains dont elle était entourée. Elle disparut un jour, et je ne la revis plus. Je la cherchai longtemps dans les ruelles suspectes et dans les tavernes. On avait plus de peine à se déshabituer d’elle que du vin grec. Après quelques mois que je l’avais perdue, j’appris, par hasard, qu’elle s’était jointe à un petit groupe d’hommes et de femmes qui suivaient un jeune thaumaturge galiléen. Il se nommait Jésus ; il était de Nazareth, et il fut mis en croix pour je ne sais quel crime. Pontius, se souvient-il de cet homme ?

Pontius Pilatus fronça les sourcils et porta la main à son front comme quelqu’un qui cherche dans sa mémoire. Puis, après quelques instants de silence :

– Jésus ? murmura-t-il, Jésus, de Nazareth ? Je ne me rappelle pas. »

SEXUALITE

Dans son essai « Why I am not a christian », Bertrand Russel, n’y va pas de main de morte quand il aborde le douloureux chapitre de la sexualité en christianisme.

Le pire de la religion chrétienne réside dans son attitude vis à vis du sexe, une attitude si pathologique, si peu naturelle qu’on ne saurait saisir tant qu’on ne la met pas en relation avec la décadence de l’Empire Romain… Presque chaque adulte, dans une société chrétienne, est plus ou moins neurasthénique, suite au tabou qui dans sa jeunesse avait frappé la connaissance sexuelle, et le sentiment de culpabilité qui s’en est dégagé est l’une des causes de la bêtise, de la cruauté et de la timidité.»

« The worst feature of the Christian religion, however, is its attitude toward sex – an attitude so morbid and so unnatural that it can be understood only when taken in relation to the sickness of the civilized world at the time the roman Empire was decaying. We sometimes hear the talk in the effect that Christianity improved the status of women. This is one of the grossest perversions of history that is possible to make. Women cannot enjoy a tolerable position in society where it is considered of the utmost importance that they should not infringe a very rigid moral code. Monks have always regarded Woman primarily as the temptress; they have thought of her mainly as the inspirer of impure lusts. The teaching of the church has been, and still is, that virginity is best, but that for those who find this impossible, marriage is permissible. « It is better to marry than to burn, » as St. Paul brutally puts it. By making marriage indissoluble, and by stamping out all knowledge of the ars amandi, the church did what it could to secure that the only form of sex which it permitted should involve very little pleasure and a great deal of pain. The opposition to birth control, has, in fact, the same motive : if a woman has a child a year until she dies worn out, it is not to be supposed that she will derive much pleasure from her married life ; therefore birth control must be discouraged. »

« It is not only in regard to sexual behavior but also in regard to knowledge on sex subjects that the attitude of Christians is dangerous to human welfare. Every person who has taken the trouble to study the question in an unbiased spirit knows that the artificial ignorance on sex subjects which orthodox Christians attempt to enforce upon the young is extremely dangerous to mental and physical health, and causes in those who pick up their knowledge by the way of « improper » talk, as most children do, an attitude that sex is in itself indecent and ridiculous. I do not think there can be any defense for the view that knowledge is ever undesirable. I should not put barriers in the way of the acquisition of knowledge by anybody at any age. But in the particular case of sex knowledge there are much weightier arguments in its favor than in the case of most other knowledge. A person is much less likely to act wisely when he is ignorant than when he is instructed, and it is ridiculous to give young people a sens of sin because they have a natural curiosity about an important matter. »

«…Almost every adult in a Christian community is more or less diseased nervously as a result of the taboo on sex knowledge when he or she was young. And the sens of sin which is thus artificially implanted is one of the causes of cruelty, timidity, and stupidity in later life. There is no rational ground of any sort of kind for keeping child ignorant of anything that he may wish to know, whether on sex or on any other matter. And we shall never get a sane population until this fact is recognized in early education, which is impossible so long as the churches are able to control educational politics.

Leaving these comparatively detailed objections on one side, it is clear of ethical perversion before they can be accepted.

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