Réponse à Marie-Andrée Faber au sujet de la fausse citation de Malraux
Dans un texte intitulé « Schaufelt die Menschheit ihr eigenes Grab ? », Marie-Andrée Faber termine ses élucubrations sur le difficile problème du sexe dans l’univers concentrationnaire de la catholicité, en citant faussement André Malraux :
« Le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas ».
Dût-il l’avoir dit (quod non) qu’il n’aurait dit qu’une niaiserie.
Il suffit de jeter un regard sur les siècles religieux qui ont assombri l’histoire de l’humanité pour comprendre – même le pire des idiots finira par s’incliner devant ce casier criminel lourdement chargé.
Avant de citer en l’air une phrase d’un écrivain, il faut d’abord vérifier s’il l’a dite, sinon on donne dans le pugilat.
C’est ce qui est arrivé à Mme Faber.
Malraux n’a cessé de contester de la manière la plus formelle avoir jamais fait une telle citation.
Dans une interview pour Le Point du 10 décembre 1975 Malraux déclare :
« On m’a fait dire que le XXIe siècle sera religieux. Je n’ai jamais dit cela, bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que je dis est plus incertain. Je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire ».
En citant faussement, la Faber, à l’insu de son plein gré, est restée dans la vieille tradition catholique :
Les exemples sont nombreux pour documenter un esprit faussaire dans cet univers sectaire.
Ainsi on a fait dire à Flavius Josèphus des choses sur Jésus qu’il n’avait jamais écrites.
On les ajoutait simplement.
Cela arrangeait l’Eglise de l’époque qui cherchait désespérément à trouver des témoins sur l’existence de son prétendu fondateur.
On peut noircir des pages entières sur d’autres faux encore plus spectaculaires.
Tel le faux qui se rapporte à la Donation de Constantin et qui allait fonder la prétention de l’Eglise à conquérir la puissance terrestre.
Il est bon de rappeler à la catholique Mme Faber, que les siècles qui ont précédé le nôtre étaient religieux. Ils faisaient partie des plus sinistres époques de l’humanité.
- Inquisition : Abolie après 7 siècles de sordide application, elle fut abolie à Cadix le 22.2.1813 et rétablie le 21.8.1814.
Le 26.8.1826, elle étrangla son ultime victime, le déiste Ripoli, dans la ville de Valence.
- Innocent IV autorisait l’usage de la torture par sa bulle: Ad extirpanda le 15.5.1252
- Ajoutons une pensée pieuse pour le pauvre chevalier De La Barre, assassiné par la cléricaille avec le fameux Amour chrétien :
Agé de seulement 19 ans lors de sa condamnation le 04.06.1766. « Convaincu d’avoir chanté des chansons impies, et même d’avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d’Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains, ordonnèrent non seulement qu’on lui arrachât la langue, qu’on lui coupât la main, et qu’on brûlât son corps à petit feu ; mais il l’appliquèrent encore à la torture pour savoir précisément combien de chansons il avait chantées et combien de processions il avait vu passer, le chapeau sur la tête ».
Voltaire, Dictionnaire philosophique, sub torture, Classique Garnier, 1954, p. 410
- L’Index librorum prohibitorum.
Cet « Unfug » commence trop tôt : Sa Sainteté Gelase Ier en fut l’initiateur dès 496.
Un illustre exemple fut donné très tôt par saint Paul. Ce fut à Ephèse. Des livres d’une valeur de 50.000 drachmes furent brûlés sur la place publique.
(Actes des Apôtres, 19.19)
Cela durait jusqu’en 1966.
« Un ambassadeur de France à Venise demandait au jour au fameux Père Paul le moyen de faire une bibliothèque curieuse lorsqu’il serait de retour en France. Ce père lui répondit qu’il commençât par acheter l’Index Librorum Prohibitorum, qu’il cherchât les livres qui y sont marqués et qu’il les achetât et qu’il aurait alors une bibliothèque remplie des meilleurs livres et des plus rares… ».
Lettres historiques, février 1696, p.209
- Les guerres de religion: Les Croisades, les Cathares, la nuit de la Saint-Barthélemy ( la Kristallnacht de la catholicité).
- La conquête du Tiers Monde ou la colonisation de l’imaginaire et la destruction systématique des cultures dites injurieusement « primitives ».
Le Pape Nicolas V ordonnait en 1452 et 1454 au roi du Portugal d’asservir les pays découverts et de constituer les habitants en esclaves.
Idem pour le Pape Alexandre VI.
- L’Eglise, les Juifs et l’Holocauste:
Le pivot de l’antijudaïsme chrétien se trouve ancré dans ces vers vicieux de saint Mathieu :
« Pilate vit qu’il n’arrivait à rien et qu’au contraire le tumulte croissait. Il se fit apporter de l’eau et se lava les mains devant le peuple en disant : « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme. Cela vous regarde ». Et tout le peuple de répondre : « Nous en prenons la responsabilité ; nous et nos enfants »… ».
Durant deux mille ans le récit a servi de justificatif aux pires pogroms.
Montefiore a pu affirmer dans ses Synoptic Gospels II, New York, 1968, page 346 : « This is one of those phrases which have been responsible for oceans of human blood and a ceaseless stream of misery and desolation ».
Dans Antisemitism in the New Testament, S. Sandmel se souvient : « When I was a little boy, I was taunted as « Christ-Killer » more than once ».
On lit dans « Black Boy » de l’écrivain noir américain Richard Wright : « tous les Noirs du quartier détestaient les juifs, non parce qu’ils nous exploitaient, mais parce qu’on nous avait appris à la maison et à l’école du dimanche que les juifs étaient les « assassins du Christ ».
Durant deux millénaires l’Eglise de l’AMOUR a préparé l’holocauste.
- L’Eglise, les femmes et la sexualité :
Tout au long de son histoire, l’Eglise est restée crispée dans ce domaine privilégié de l’homme sur des références ridicules, obsolètes, répugnantes, s’enfermant ainsi dans une logique paranoïde. Cette attitude deux fois millénaire a causé un préjudice incommensurable à l’humanité. Elle a rendu le sexe « heimatlos ». En le rendant « heimatlos », elle a ouvert les vannes aux marasmes de la pornographie. La sainte Institution a dû encaisser de ce fait les critiques les plus vives des meilleurs intellectuels de toutes les époques. Je ne retiendrai que les commentaires amers et courroucés du grand poète R.M. Rilke et du fameux philosophe et scientifique Bertrand Russell.
Ecoutons Rilke par la voix du jeune ouvrier :
„ Sie lassen sich nicht vor Eifer, das Hiesige, zu dem wir doch Lust und Vertrauen haben sollten, schlecht und wertlos zu machen – und so liefern sie die Erde immer mehr denjenigen aus, die sich bereit finden, aus ihr, der verfehlten und verdächtigten, die doch zu Besserm nicht tauge, wenigstens einen zeitlichen, rasch ersprießlichen Vorteil zu ziehn. Diese zunehmende Ausbeutung des Lebens, ist sie nicht eine Folge, der durch die Jahrhunderte fortgesetzten Entwertung des Hiesigen? Welcher Wahnsinn, uns nach einem jenseits abzulenken, wo wir hier von Aufgaben und Erwartungen und Zukünften umstellt sind. Welcher Betrug, Bilder[1] hiesigen Entzückens zu entwenden, um sie hinter unserm Rücken an den Himmel zu verkaufen!…“
„…Und hier in jener Liebe, die sie mit einem unerträglichen ineinander von Verachtung, Begierlichkeit und Neugier, die sinnliche nennen, hier sind wohl die schlimmsten Wirkungen jener Heraussetzung zu suchen, die das Christentum dem Irdischen meinte bereiten zu müssen… Es ist mir… immer unbegreiflicher, wie eine Lehre, die uns dort ins Unrecht setzt, wo die ganze Kreatur ihr seligstes Recht genießt, in solcher Beständigkeit sich, wenn auch nirgends bewähren, so doch weithin behaupten darf.
Was müssen wir’s umschleichen und geraten schließlich hinein, wie Einbrecher und Diebe, in unser eigenes schönes Geschlecht, in dem wir irren und uns Stoßen und straucheln, um schließlich wie ertappte wieder hinauszustürzen in das Zwielicht der Christlichkeit…
Warum hat man uns das Geschlecht heimatlos gemacht, statt das Fest unserer Zuständigkeit dorthin zu verlegen…“
Bertrand Russell
Dans son essai « Why i am not a christian », Bertrand Russell n’y va pas de main de morte quand il aborde le douloureux chapitre de la sexualité en christianisme.
« Le pire de la religion chrétienne réside dans son attitude vis-à-vis du sexe, une attitude si pathologique, si peu naturelle qu’on ne saurait saisir tant qu’on ne la met pas en relation avec la décadence de l’Empire Romain…
*
Le meilleur usage que l’on puisse faire de la parole est de se taire… LAOTSE.
Surtout si on n’a rien à dire d’utile et de vrai.
Gaston VOGEL
[1] Voir la belle mode actuellement présentée à Paris. Quel rafraîchissement. Merci à Vaccarello. Il devrait être sanctifié. On se rejouirait de voir ses créations dans le morne univers du ciel.