
LE SINGULIER AMOUR DE NOTRE PÈRE QUI EST AUX CIEUX
Il a été une fois de plus d’une grande bonté.
Des villages entiers ont été rayés de la carte dont le sympathique bourg d’AMATRICE.
Plusieurs centaines de morts.
De nombreux blessés.
La plupart des villageois ont subi la perte totale de leur pauvre patrimoine.
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Voilà que le représentant de notre Père sur terre, l’Evêque d’ERCOLE, bien nourri et la nuit passée dans les duvets, se pointe un samedi 27.08 sur les lieux du cataclysme avec un curieux message de condoléances et de consolation.
Une messe, une bénédiction, une homélie.
J’ai pris la peine d’écouter.
Une sueur froide faisait frémir mon cerveau quand j’entendis les horribles inepties qui sortaient de sa bouche.
Elles baignaient dans le plus répugnant cynisme bien connu en catholicité.
C’est du déjà vu et entendu.
Mais il est tellement difficile de s’habituer à tant de bêtise et de mauvais goût.
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Que retenons-nous de ce verbiage écervelé ?
Quatre thèmes ont dominé le sinistre discours funèbre de Giovanni d’ERCOLE.
1) « Les sinistrés voudront implorer le pardon de Dieu pour tous les péchés qu’ils ont pu commettre… »
Il a rajouté : « Et si à la fin vous aurez tout perdu, vous serez encore riches, tant que vous n’aurez pas perdu la foi en Dieu.
Mais celui qui aura douté de la bonté et de la justice de Dieu, sera pauvre et misérable, même s’il aura sauvé toutes ses choses »
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Les victimes, les voilà culpabilisées et menacées.
Cela me rappelle le séisme de Lisbonne le 01.11.1755.
La cléricaille de l’époque, qui disposait de tous les pouvoirs, allumait au moment où les flammes dévoraient Lisbonne d’innombrables bûchers pour immoler d’affreux hérétiques, afin d’apaiser la colère d’un Dieu outragé par tant de pécheurs.
Ce séisme était la vengeance de Papa.
De tous temps les théologiens ont vu et continuent à voir dans les tremblements de terre la punition des péchés.
C’est plus facile que d’admettre l’évidence, à savoir que la nature est un monstre qui tue et crée dans la plus totale indifférence.
2) « Certes le séisme a fait perdre tout ce que les habitants possédaient, sauf le courage de la foi qui lui, reste profondément ancré dans le cœur des croyants. »
À en juger d’après une photo qui vient de me parvenir d’AMATRICE, Jésus, sous le coup de l’émotion à l’écoute de propos aussi surprenants que débiles, perdait l’équilibre et glissait de la croix.
Dans ce fétide scénario le miracle ne se faisait pas attendre. En effet la Madone est sortie indemne.
La presse en a fait tout un plat.
Comme le démontre la photo les choses étaient plus épineuses pour son Fils (in fine).
3) « Ceux qui n’ont plus de maison pour vivre retrouveront de plus belles demeures au Ciel. »
Un sale espoir !
4) Ceux qui sont partis sont plus que jamais présents au sein de leur famille, car ils habitent le cœur des parents. »
Quelle impudence effrontée !
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Et oui ce séisme n’est pas une catastrophe.
C’est une renaissance, un bienfait, une preuve supplémentaire de l’infini Amour de Dieu qui ne s’arrête à aucune brutalité.
Il irradie la vie de nous tous du matin au soir.
Tantôt il se manifeste sous forme d’un tsunami arrachant la vie à plusieurs centaines de milliers de personnes, tantôt il se déclare dans un accident aux suites effrayantes.
Mais ce n’est après tout toujours qu’une forme d’Amour que d’aucuns obtus ne saisissent pas.
Revenons pour en finir aux bonnes paroles prononcées sur les ruines d’AMATRICE par cet Evêque « décerveleur », qui citant Don Camillo de Guareschi dit :
« Celui qui aura douté de la bonté et de la justice de Dieu sera toujours pauvre et misérable».
C’était grand jusqu’au sublime.
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Dans ses commentaires sur le sottisier de Flaubert, Bruno de Cessole écrit que seule la mer infinie et éternelle peut donner une idée de la bêtise.
Gaston VOGEL

The Christ statue inside of Saint Francis church in Accumoli. Rieti 25 August 2016 ANSA/MASSIMO PERCOSSI





