
Sympathique Justice
SYMPATHIQUE JUSTICE
Imaginez ce qui vous attend si vous arrivez avec votre voiture au mauvais endroit, au mauvais moment.
Un accident a lieu sous vos yeux et comme vous êtes aux premières loges, vous entrez dans le collimateur de la justice, encore que vous n’ayez rien à vous reprocher.
Le 21 septembre 2017 vers 09h00, vous arrivez avec votre voiture, avenue Amélie, vous devez vous arrêter eu égard au trafic toujours monstrueux dans cette toute petite artère qui relie le boulevard Royal au boulevard Prince Henri. Du côté opposé à votre véhicule, un mastodonte, venant du boulevard Prince Henri, attend que les feux, donnant sur le boulevard Royal, virent au vert.
C’est à ce moment qu’un piéton, au lieu d’emprunter le passage pour piétons qui est à 5 ou 6 mètres, essaie de se faufiler entre votre voiture à l’arrêt complet et le lourd camion qui vient de démarrer.
Il se retrouve happé par le monstre avec les suites qu’on connaît – décès immédiat.
Voilà pour le récit.
ØØØ
Et voici ce qui vous attend maintenant :
1. Votre voiture est saisie pour des raisons inconnues à ce jour – 3 semaines après, vous ne savez toujours rien et impossible d’obtenir un début de réponse.
2. La police que vous interrogez invoque le secret de l’instruction et vous renvoie au juge qui vous laisse sur votre faim.
3. Cette saisie est suivie d’un déplacement de votre véhicule :
a) on vous l’enlève sans que vous en soyez informé d’une quelconque manière,
b) sans que l’occasion ne vous soit donnée de faire, avant tout déplacement, un inventaire sommaire de ce qui se trouve à l’intérieur de votre voiture.
Un quidam mal intentionné pourrait y déposer des surprises et vous causer ainsi de nouveaux ennuis.
Il faut s’attendre à tout de la part du temps et des hommes.
Pour éviter de tels impairs, un inventaire contradictoire s’impose.
On ne vous donne pas l’occasion d’y procéder. Un pur scandale.
c) sans que la possibilité ne vous soit donnée d’enlever vos effets personnels.
Ce n’est que des jours après que le juge d’instruction daigne vous autoriser à les reprendre.
4. La voiture quitte les lieux de l’accident pour une destination inconnue à ce jour.
Personne ne vous apprend où elle se trouve.
5. Des « experts » s’occupent, paraît-il, de prétendues traces que vous n’avez pas eu l’occasion d’examiner avant le transfert de votre véhicule.
Vous ne réussissez pas à savoir de quelles traces il s’agit – cela reste totalement opaque.
Qui sont ces experts ? Quelle est leur mission ? Qui les a chargés ?
Autant de questions sans réponse.
6.Sur demande réitérée d’obtenir le retour de votre véhicule, la juge d’instruction répond par un bref :
Je m’oppose, sans la moindre motivation.
7. La Chambre du Conseil vous déboute au motif qu’une expertise serait en cours sans aucun détail.
C’est le mur.
8. Depuis bientôt 3 semaines vous payez des voitures de location à des prix exorbitants.
On s’en fout comme de l’an quarante.
9. Seriez-vous dans le collimateur des enquêteurs comme concerné, éventuellement comme responsable, alors que vous n’avez strictement rien à vous reprocher ?
Et voilà le gros morceau.
Si tel était le cas, on aurait réussi le coup de faire l’essentiel, c’est-à-dire les « constatations et expertises », en votre absence, sans vous donner la possibilité d’une assistance, d’une contradiction de la nomination d’un contre-expert – sans aucun droit !
Voilà un vide qui permet à la justice, en n’inculpant pas aussitôt, de contourner les droits de la défense au moment le plus névralgique des investigations.
Les droits de l’Homme sont pour plus tard, c’est-à-dire quand tout est joué.
Cela est un pur scandale dont personne ne s’occupe.
Qu’on ne vienne de grâce plus parler des droits de l’Homme, qu’on réserve ça pour les discours ronflants à la tribune des pays du quart-monde.
Merveilleuse justice.
Gaston VOGEL





