À LA SOURCE DE L’AVACHISSEMENT – 22.08.2016

« Il y a des moments, disait George Steiner, où j’hésite à allumer la radio pour écouter les nouvelles, parce qu’elles deviennent si souvent totalement insupportables physiquement, moralement et mentalement. »

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J’aimerais y ajouter qu’au-delà de ces nouvelles, par-dessus le marché manipulées et censurées selon les circonstances, il y a le reste, tout ce reste véreux qui génère l’avachissement.

Cet avachissement est en effet la résultante la plus exécrable, la plus nocive des programmes de certaines chaînes télé fort fréquentées qui, en une inlassable répétition abreuvent le spectateur des petites lucarnes de leur lot nauséeux de pub indigeste, souvent indécente, presque toujours révoltante par sa stupidité.

Cette voix de bébé qui vante une marque commerciale.

Ce médecin dentiste qui laisse sa proie dans la douleur pour aller consulter les prix de meubles… Et autres Aschereien du même acabit.

Suivent, d’innombrables manifestations sportives, du sport matin, après-midi et soir.

En boucle continue, on fait filer les bicyclettes et voler les balles.

On nous présente les héros, les médaillés, les victorieux, les écrasés à plate couture…

Puis pour couronner tout ce flot d’hilarités diverses, une autre grand-messe très appréciée : les « crimis ».

Le sang coule à flot comme du champagne.

Une manne qui tombe plusieurs fois par jour dans les fauteuils.

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Difficile de supporter l’effet à long terme de la banalisation du crime et de l’exaltation des jeux sur une humanité trouvant dans la bêtise sa meilleure distraction.

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Aussitôt après la diffusion des nouvelles du jour, je me hâte de pousser le bouton pour arrêter ce flux excrémentiel.

Je dois me maîtriser à chaque fois pour ne pas jeter la télé à la cour.

Quel sale monde.

Gaston VOGEL